« Lourdes, ça ne se raconte pas, ça se vit ! ». Comme j’aimerais pouvoir écrire cela, simplement, rapidement, facilement… ! Si cette considération n’est pas moins vraie, en rester là serait aussi faire le choix de me rendre propriétaire des grâces reçues et ne pas répondre à une forme d’appel au témoignage…
Lors de la 13e apparition, le 2 mars 1858, la belle Dame de Lourdes s’adresse ainsi à sa petite messagère, Bernadette : « Allez dire aux prêtres qu’on bâtisse ici une chapelle et qu’on y vienne en procession ». Ce fut le thème spirituel du pèlerinage.
Quand on se rend à Lourdes, en tant que pèlerin, nos valises sont souvent remplies des intentions qui nous sont confiées mais aussi de nos propres fardeaux, du corps et du cœur, qui nous handicapent. On sait que l’on va y vivre quelque chose, mais on ne sait ni quoi, ni comment. J’avais 15 ans la dernière fois que je suis venue, j’étais « FRATeuse », beaucoup de joyeux souvenirs sont remontés à la surface. Des années se sont écoulées, et je réalise aujourd’hui que ma joie est bien plus profonde. Durant ces quelques jours, j’ai été émerveillée, pour ne pas dire saisie, à quel point Lourdes, cette petite ville où au départ il n’y avait strictement rien, était un condensé du message de l’Evangile. Son contenu n’est un secret pour personne mais il m’est comme nécessaire de le dire : Dieu est Amour, Il nous aime de manière inconditionnelle. C’est justement cette Bonne Nouvelle que la Vierge Marie, Mère, Modèle et Image de l’Eglise, actualise sans cesse dans le cœur de nos vies.
La grotte
En regardant la grotte et ses alentours, j’ai essayé d’imaginer la frêle Bernadette traverser le Gave pour se diriger vers cette lumière qui lui apparaît, vers cette femme toute blanche vêtue. Quel immense contraste entre l’obscurité et la saleté de cette cavité rocailleuse, autrement appelée la « Tute aux cochons », et la pureté virginale de Marie ! Comment ne pas penser à la pauvreté de la mangeoire de Bethléem, où Dieu vient habiter notre humanité en se faisant homme ?! Depuis cette grotte, Marie vient nous dire que le Seigneur nous rejoint au cœur de nos misères et médiocrités pour les remplir de toute la puissance de son Amour. Que l’on y vienne se recueillir en silence, participer à une célébration ou réciter le chapelet, qu’on y soit en pleine journée ou à la tombée de la nuit, la grotte est un lieu où les cœurs se dévoilent et se rencontrent. Espace de prière, d’unité, de paix et de confiance. Vient le geste du rocher. A force de caresses par milliers, la pierre est lisse, douce mais reste solide. Je me suis alors souvenue que le thème du FRAT auquel j’avais participé était « Sois mon rocher ». Deux réflexions puis paroles complémentaires se sont invitées : la première est que dans la détresse, les injustices ou autres épreuves de la vie, le Seigneur est le roc sur lequel on peut s’appuyer, dans l’abandon, car c’est Lui qui nous libère (Ps 30) ; la seconde est que le Christ en est la voix/e (Mt 7, 24-25 et Mt 11, 28). Tout est une question de foi.
Les malades 
J’aurais dû commencer ces lignes par ceux qui ont la 1e place à Lourdes : les malades. Je ne suis personne pour pouvoir écrire ce qu’ils traversent dans leurs souffrances ni ce qu’ils vivent. En revanche, j’ai été éblouie par leur foi, leur espérance, leur humilité et leur joie. La célébration où ils ont reçu le sacrement des malades était riche de ces vertus, c’en était bouleversant ! A nouveau, la Parole de Dieu resurgit, encore plus quand on repense à Bernadette, elle qui était si fragile de santé : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Lc 10, 21). C’est indéniable, les malades nous précèdent et reflètent le Visage et le grand Mystère de Dieu.
Les gestes de Lourdes
Je ne fais pas partie des membres de l’hospitalité, qui sont remarquables par leur dévouement, mais j’ai eu la grâce d’accompagner, avec une amie, une personne en fauteuil avec sa maman. Toutes les 4, nous avons vécu de beaux moments de fraternité, de partage et de joie. En dehors de nos échanges, 2 grands temps ont particulièrement marqué. D’une part, celui où nous avons déposé, chacune, un cierge à la chapelle des lumières, dès le premier jour, où toutes nos prières communes et personnelles montent. D’autre part, sans doute le plus fort, celui du geste de l’eau – se substituant, depuis le Covid, aux bains de la piscine. C’était le vendredi, le dernier jour. Frotter ses mains, laver son visage, boire l’eau, cette source vivifiante, ensemble, en connaissance de nos fragilités respectives, ont été des gestes qui seront à jamais gravés. Si l’eau rappelle bien évidemment celle jaillie du Corps du Christ lors de sa Passion et celle de notre baptême, cette expérience a été aussi intime que vécue en communion. Ayant en tête le psaume 50 chanté lors des laudes le matin-même, ces mouvements m’ont permis de prendre conscience, encore plus, de l’immensité de la Miséricorde de Dieu pour moi, pour nous, mais aussi de poser, personnellement, quelques pardons. Lourdes est finalement le lieu de la conversion du cœur et celui de la gratuité.
Enfin, je terminerai ces mots par sans doute ce qui est le plus visible quand on vient à Lourdes, les foules : « Je vis des hommes de toute race, langue et nation » (Ap 7, 9). De ce verset, nous pouvons en être assurés, d’autant plus si nous vivons la célébration internationale et la procession mariale, en y rajoutant l’engouement et l’énergie des jeunes du FRAT qui crient à pleine voix : « Resucitó » ! Mais quelle joie ! C’est l’Eglise ! Nous sommes pécheurs mais le Christ renouvelle dans nos cœurs sa Présence et l’Eglise en rayonne. Parce que tout le monde est réuni, que l’on soit en paroisse, avec le diocèse, que l’on soit prêtre, consacré ou laïc, soyons dans cette synodalité : « En Lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu » (Ep 2, 22).
Une pèlerine
