Appel décisif des catéchumènes – Témoignage

Dimanche 9 mars 2025, j’ai été appelé par notre évêque Monseigneur Luc Crepy, en voici le témoignage.

Ce matin là, de façon très abstraite je suis un peu stressé et, de façon très concrète c’est tout le contraire qui arrive, cette journée me galvanise. Cet Appel, c’est la ligne de départ d’un carême qui marquera ma vie, chaque catéchumène s’y prépare depuis plusieurs mois, deux ans pour ma part. Être catéchumène, entrer dans une vie de chrétien, est une expérience de tout l’être qui vous fait comprendre que tout a un sens. J’ai confiance en cette promesse de sens.

Aux portes de la Collégiale de Mantes la Jolie, mon parcours naissant de chrétien « défile devant mes yeux », comme les étapes d’une vie dans la pensée d’un mourant. Car il m’aura fallu plus de dix ans avant de frapper à la porte du Père Olivier Plainecassagne. J’aime à croire que l’Esprit Saint n’a jamais cessé d’attiser les braises du désir de Dieu qui naissait en moi, malgré une éducation où la religion n’était pas un sujet. Nous pouvions nous intéresser à la théologie, comme l’on étudie la mythologie mais de là à croire en Dieu. Malheureusement, cet effacement de la spiritualité et de la religion qui, comme son nom l’indique, relie les hommes, nous plonge dans un individualisme contraire à la nature de l’Homme. J’avais toujours cru ne pouvoir compter que sur moi, la foi m’a délivré de cette harassante illusion.

Nous sommes plus de cent catéchumènes à nous presser aux portes de la Collégiale ce dimanche. L’ambiance est presque festive, détendue, une joie profonde nous anime tous. Nous sommes guidés pour nous installer, des badges permettent aux équipes de nous reconnaître et nous appeler par nos prénoms. À ce moment-là, j’ai le sentiment d’entrer dans la communauté catholique. Mon stress s’est apaisé, l’ambiance est à la joie et à la confiance. Nos accompagnateurs n’y sont certainement pas pour rien. Il faut que je vous parle d’eux. Dans la paroisse de Versailles Saint-Louis, chaque catéchumène se voit guidé par un accompagnateur ou un couple d’accompagnateurs. Ce sont en quelque sorte nos premiers parrains ou marraines, un cadeau de la paroisse. Mes accompagnateurs me parlent de mon âme, je viens les voir régulièrement, comme on vient voir un psychanalyste. En leur présence, je peux leur parler à cœur ouvert en sachant nos conversations protégées, encapsulées dans leur salon. Nos conversations sont guidées par des lectures de la Sainte Bible, toutes mes incompréhensions et tous mes doutes sont accueillis. Nous pensons les textes sacrés, qui me sont proposés pour répondre à mes interrogations. Cela fait un bien fou, je ne les remercierai jamais assez pour ces deux ans d’accueil et de bienveillance.

Une fois installés dans la Collégiale, la célébration peut débuter. C’est le printemps des âmes, comme si nous ne doutions plus. L’orgue entame ses premières notes. Le souffle de sa musique, dans notre dos, semble nous pousser vers l’autel et cette lumière rouge scintillante devant nous. Lectures et mots de notre évêque s’ensuivent. Il cite des passages des lettres que nous lui avons écrit. C’est un exercice auquel chaque catéchumène s’est plié avant l’Appel décisif. Les témoignages sont marquants et divers mais portent tous le même désir. Cherchez le royaume de Dieu dit le Christ et tout le reste vous sera donné de surcroît.

Le moment fatidique arrive enfin. Des prêtres et laïcs du diocèse appellent chaque catéchumène par leur prénom. Ces derniers se lèvent et répondent « me voici ». Quelques instants avant les premiers prénoms, ma gorge se serre, soudain l’immensité de cette nef me force à l’humilité. Je jette un œil à la grande rosace derrière nous ainsi qu’au Christ sur sa croix. Bénis sois tu Seigneur de nous donner la force de répondre à cet Appel. Je lance ma réponse avec conviction, ému comme un enfant fier d’une nouvelle réussite.

Appelés, nous nous avançons ensuite vers les prêtres et notre évêque, accompagnés de nos parrains et marraines afin que nous soit remis une écharpe violette qui nous accompagnera jusqu’au baptême. Nous prions, la main de notre parrain ou marraine sur l’épaule. C’est pour moi un moment inoubliable. Mon parrain est mon accompagnateur. Nous ne nous connaissons pas quant à notre histoire familiale et personnelle, en revanche il connaît mieux que personne mon chemin spirituel. Je m’imagine l’Esprit Saint circulant entre tous ces bras et épaules, nous portant cette émotion incroyable.

Enfin, nous sortons de la collégiale, envoyés par notre évêque. Les visages sont radieux, nous savons tous intérieurement que ce n’est qu’une étape de notre chemin sur lequel nous n’aurions pu être mieux préparés et accompagnés.

Si la vie de l’homme sur terre est un combat, comme nous le dit la Sainte Écriture, je me sens déterminé, préparé avec ferveur à la prochaine étape qui me mènera, je l’espère, « vers l’hostie Sainte où Jésus m’attend »[1].

Benoît

[1] Tanguy Dionis du Séjour

Photos ©Thomas Duclert

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