Le Triduum Pascal : regard théologique et liturgique

Le Triduum pascal est une période de trois jours pendant laquelle l’Eglise célèbre la Passion, la Mort et la Résurrection de Jésus, qui s’étend de la messe du soir du Jeudi saint aux vêpres du dimanche de Pâques. Il constitue le sommet de la vie liturgique, puisque ces jours ont marqué l’aboutissement de l’Incarnation par leur œuvre rédemptrice et testamentaire : Jésus s’est fait homme pour nous sauver, ce qu’il fait par sa mort et sa résurrection ; il est aussi venu révéler qui est Dieu, ce qu’il fait de façon éclatante dans ses derniers actes et paroles.

Jeudi Saint

Le Jeudi Saint est la fête des prêtres. Pourquoi ? Parce que c’est le mémorial de la Cène, où Jésus institue l’Eucharistie. Un prêtre est par définition un médiateur entre Dieu et les hommes, et cela passe entre autres par l’offrande de sacrifices des hommes à Dieu. Or l’Eucharistie est l’actualisation non sanglante du sacrifice de la croix. Que ce soit sur la croix ou à la messe, il s’agit donc d’un sacrifice à Dieu. Dans le premier cas, c’est le Fils qui est le prêtre, et même le prêtre par excellence parce qu’il se fait lui-même offrande à son Père, dans l’effusion du Saint Esprit. A la messe, c’est le prêtre ordonné qui rend possible l’évènement de la présence réelle de Jésus. C’est ainsi que les prêtres sont configurés au Christ à la messe qui constitue donc le cœur du sacerdoce ministériel.

Lors de cette messe a aussi lieu le lavement des pieds, relaté dans l’Evangile de St Jean « à la place » de l’épisode de l’institution de l’Eucharistie : ce sont bien deux modalités du don de soi. Jésus nous y adresse une déclaration d’amour, extraordinaire de la part d’un Dieu pour ses créatures, impensable sans Révélation : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ». Par là, « nous sommes partenaires d’un amour infini qui ne pose aucune limite à son abaissement afin de nous élever sans limite à la hauteur de sa divinité. » (Cal Ouellet, Il les aima jusqu’à l’extrême). Ainsi, le « Christ est à la fois le médiateur et la plénitude de la Révélation » (Dei Verbum)

Cette messe finit par l’adoration : nous accompagnons Jésus qui entre dans son agonie … évitons de refaire la même erreur que les Apôtres au jardin des Oliviers – qui n’ont pas réussi à veiller une heure – !

Vendredi Saint

Le Vendredi Saint fait mémoire de la mort de Dieu fait homme. L’abaissement de Jésus est à son paroxysme. Cette mort est tellement infamante que les premiers chrétiens ne représentaient jamais le Christ en croix. La liturgie est dépouillée pour cet office – ce n’est pas une messe – afin de signifier le deuil. Par sa passion, Jésus prend nos péchés sur lui. Le prodige de la miséricorde divine transforme nos péchés en un acte d’amour. Cela nous invite à l’espérance ; et puisque le châtiment de nos fautes est retombé sur lui, craignons plutôt de ne pas assez aimer en retour sa miséricorde, lui qui, par son obéissance filiale, réconcilie les hommes avec Dieu que leurs désobéissance avaient éloignés de Lui.

La vénération de la croix lors de cet office est la vénération du trône d’amour de Jésus qui montre sa royauté : sa domination sur le mal. Il brise de fait la spirale du mal par son sacrifice.

N’oublions pas le prix du salut.

Samedi Saint

Le Samedi Saint, il n’y a pas même d’office liturgique. Comme « le Père se tait pour être un avec le Fils devenu muet » (Adrienne von Speyr), l’Eglise est en silence. Le Samedi saint est le jour de la descente de Jésus aux enfers. C’est un mystère d’amour et de miséricorde, donc source d’espérance. En effet, cette descente « introduit (…) la miséricorde dans le domaine de la stricte justice » (Ouellet). Si « l’enfer est une création de la justice divine respectueuse de notre liberté » (les enfers aussi sont un lieu sans Dieu), cette descente « témoigne que la miséricorde de Dieu est inséparable de sa justice et qu’elle est victorieuse ».

La bonne nouvelle est ainsi annoncée aux morts mêmes par Jésus : il n’y pas de limites au terrain de l’évangélisation !

 

Si ce triduum est dit pascal, c’est qu’il est une préparation qui mène à Pâques. Dès la Vigile pascale, l’Eglise fête la résurrection du Christ. C’est une grande joie car elle montre la victoire de Dieu sur le mal qu’est la mort et sur le mal en général. Elle est aussi le signe de la Trinité : la résurrection du Fils par le Père dans la puissance de l’Esprit témoigne de la victoire de l’amour trinitaire et confirme le lien indestructible d’amour entre les Personnes.

Ombeline Duhesme

 

 

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